Chars
Avions
Navires
Armes d'infanterie
Autres

Le KV II (KV 2)

LA GENESE

En 1939, l’armée soviétique est le premier pays à percevoir la nécessité de posséder des chars lourds. En effet, durant la guerre d’hiver contre la Finlande, les blindés soviétiques ne purent venir à bout des fortifications ennemies.

Le commissaire à la défense Klimenti Vorochilov, demanda alors aux usines Kirovsky de Leningrad, de lancer un projet concernant un nouveau modèle de char. Celui-ci débuta dès 1939, en s'appuyant sur le KVI.

Le haut commandement soviétique ordonna que ce nouveau modèle de char soit pourvu d’un canon de 152 mm, afin d’avoir une meilleure capacité face aux fortifications adverses.

La conception :

Les premiers prototypes de KVII utilisèrent tout d’abord l’obusier de 152mm modèle 1909/1930 en tant que canon principal. Mais ce modèle déjà ancien fut rapidement changé au profit du 152mm M-10 Howitzer Model 1938/1940.

Afin de promouvoir le blindé d'un tel canon, les ingénieurs durent concevoir une tourelle plus grande. Celle-ci fut rapidement élaborée et reçut le nom de « Mt-1 ».

Le châssis des prototypes de char KV à plusieurs tourelles fut utilisé afin de recevoir la Mt-1 et son canon lourd.

Dès le 10 février 1940, les premiers essais des char s avec Mt-1 furent menés.

Néanmoins, les ingénieurs soviétiques n’étaient pas expérimentés dans la conception de chars d’une telle envergure, les chars lourds précédents n’étant qu'au stade de prototype (T35 et consorts n’ayant qu’un intérêt relatif sur le champ de bataille comme on l’a vu en 1941).

Divers problèmes survinrent dès les premiers essais, mettant en péril la vie du projet (ainsi que celle des ingénieurs...).

En effet, lors des premiers essais, le frein de bouche du canon fut pulvérisé ainsi que la protection du canon ; ils ne furent d’ailleurs plus utilisés par la suite.

En outre la tourelle se désolidarisa du châssis, emmenant les ingénieurs à renforcer la jointure ainsi que le haut de la caisse.

D’autres essais furent menés en 1940, quand le commandement soviétique ordonna que les prototypes de Mt-1 soient envoyés sur le front de l’isthme de Carélie.

Malgré leur présence sur le front, aucun de ces prototypes ne participa aux opérations et ils restèrent en renfort à l’arrière, où les équipages purent avoir une première mise en main.

Néanmoins ces prototypes firent feu sur les fortifications déjà capturées afin de tester leur puissance de feu. Ce test fut largement concluant.

C’est lors du retour de ces prototypes à l’usine Kirosky, à Leningrad, que le char reçut lordre définitif de production ainsi que son nom : le KV II.

La production :

La production du KVII englobe la période 1940/1941. En effet celle-ci stoppa en octobre 1941, sur ordre du pouvoir central afin de promouvoir une meilleure production des autres chars grâce à la standardisation des moyens de productions.

Les premiers modèles de KV II ne possédaient que le canon de 122 mm ou de 152 mm.

Par la suite et au cours de la production, de nombreuses améliorations furent effectuées.

Notamment, la tourelle fut retravaillée afin d’améliorer les performances du canon. Celui-ci pouvant tirer des obus explosifs de 52 Kg sans un réel recul, il n’endommage pas la structure interne de la tourelle !

De plus, une mitrailleuse supplémentaire est montée à l'arrière de l’intérieur de la tourelle pour une meilleure protection du char contre l’infanterie.

Le châssis est lui aussi pourvu d’une mitrailleuse DT.

La production totale du KV II fut de 334 exemplaires.

L’ENGIN

Le facteur principal de l’engin est son canon. La courte vie du KV II fut donc rythmée par les améliorations et les changements concernant son armement principal.

De nombreux canons furent étudiés afin de remplacer le 152mm M-10 Howitzer Model 1938/1940.

En effet, l’un des plus connu fut le canon long Zis-6 de 106.7mm, mais après essais, il fut refusé. Son problème résidait dans son recul, au cours des essais, il bloquait la tourelle, voire la désolidarisait du châssis.

De plus, il est à noter que les obus du KV II étaient des obus à haute capacité explosive et en aucun cas des obus perforants (ni anti-char, ni anti-fortification). Il était interdit aux équipages d’utiliser ce type d’obus, en grande partie à cause de la force de recul de ceux-ci

En effet, malgré les affirmations de certaines sources modernes, ces types d’obus étaient interdits dans le manuel d’utilisation des KV II.

Néanmoins, il était autorisé d’utiliser les obus semi perforant des canons de marine M.1915/28. Mais ceux-ci étaient absents des stocks de l’armée Rouge...

Quoiqu’il en soit, les ingénieurs soviétiques tentèrent jusqu’en 1941 de développer des obus perforants spécialement formés pour le canon du KV II, mais sans résultats apparents.

L’intérieur :

L’équipage était formé de six membres : le chef de char, le commandant du canon, le chargeur, le canonnier, le radio et le conducteur.

Les obus étant difficilement manoeuvrables seul, le commandant du canon aidait souvent le chargeur dans son office.

L’intérieur de la tourelle du KV II était essentiellement l’habitacle du canon et la protection de ses servants, d’où une épuration quasi-totale des objets non nécessaires. La vie des servants étant plus que spartiate...

L’intérieur du KV II était divisé en deux compartiments : le compartiment moteur et le compartiment de combat. Mais ceux-ci étaient séparés par une paroi très fine, d’où le danger pour l’équipage de l’explosion du moteur au combat. L’épaisseur du blindage de la tourelle met, en règle générale, l’équipage à l’abri de ce genre de problème.

L’extérieur :





Les inconvénients :

  • Le manque de longévité des chenilles.
  • L’inconfort total du poste d’équipage.
  • Une visibilité médiocre (due aux trappes fermées), voire quasi-inexistante par mauvais temps.
  • Une grande difficulté d’accès et d’évacuation en cas d’urgence.
  • Problèmes de transmission avec la boite de vitesse.
  • Manque de munitions (seulement 36 obus).
  • La tourelle ne peut tournr que si le char se trouve sur un terrain plat. A cause du poids de la tourelle, si le char n est pas sur un terrain plat, le système de manivelle ne peut fonctionner.
  • Facilement repérable à sa hauteur. Dès son apparition sur un champ de bataille, le KV II se voit être la cible de toute l’artillerie disponible dans les environs...

Les avantages :

  • Excellent blindage, pouvant aller jusqu'à 130mm sur le châssis et jusqu’à 110 mm sur la tourelle. Les cotés sont dotés de 75mm de blindage. Ceux-ci conféraient au KV II une quasi-invulnérabilité et une capacité d’encaissement incroyable.
  • Son obusier de 152mm lui permet de faire des carnages dans les rangs de l’infanterie allemande ainsi que sur les chars des sections d’éclaireurs.
  • Son système de suspension resta inchangé jusqu'à la fin de la fabrication du KV II, démontrant sa qualité. Ce système sera d’ailleurs réutilisé pour les séries de JS.
  • Il disposait d’une vitesse correcte par rapport à son poids.
  • Véritable casemate ambulante qui permettait de créer des points d’appui sur les champs de bataille.

LE KVII EN ACTION

L’apparition du KV II fut un véritable cauchemar ambulant pour les troupes allemandes.

En effet ni les canons de chars, ni les canons antichars conventionnels ne pouvaient venir à bout d’un tel blindage.

Seul le fameux canon de 88 pouvait l’arrêter.

La technique des équipages de KV II était la  « ruée », le plus souvent solitaire, au milieu des troupes allemandes.

Conscient de leur invulnérabilité aux obus antichars allemands, les équipages n’hésitaient pas à se lancer au milieu des colonnes allemandes, semant panique et destruction sur leur passage.

Lors des premiers combats, l’apparition d’un tel monstre fit craindre le pire à l’Etat Major allemand (52 à 57 tonnes pour un KV II contre seulement 20 tonnes pour un panzer IV.).

Mais le KV II fut la victime des handicaps de sa taille. En effet, la plupart des KV II furent abandonnés par les équipages après des avaries.  Par exemple en 1941, la 41eme Division soviétique de chars perdit sur le champ de bataille 22 chars KV II, dont seulement 5 furent détruits par les allemands. Les autres furent abandonnés après des casses mécaniques ou à court d’essence.

De plus, les conducteurs n’ayant pas reçue une formation adéquate, l’armée rouge perdit de nombreux KV II sur les terrains plats et propices à la formation blindée.

LES CARACTERISTIQUES

Modéles:

KV II

Poids:

52000kg

Equipage:

6 hommes

Engine:

V-2K / V12 / Diesel
600 chevaux

Vitesse:

Route: 28km/h
Nature: 25km/h

Rayon d’action:

Route: 250km
Nature: 210km

Capacité:

650 litres

Longueur:

7.10m

Largeur:

3.30m

Hauteur:

3.20m

Armement:

-152mm M-10 model 1938/1940 howitzer
-3 x 7.92mm DT

Munitions:

-152mm - 36 coups
-7.92mm - 3056 coups

Blindage (mm/angle):

Frontal: 75/60
Coté: 75/90
Arrière: 70/rond
Tourelle: 110/90

CONCLUSION

En Octobre 1941, la production de KV II fut stoppée afin de mettre en place une plus grande rationalisation et à la normalisation des autres blindés.

De plus, mis à part l’appréhension des troupes allemandes à la vue du monstre, les résultats en combat du KV II ne furent pas à la hauteur des espérances soviétiques.

Son blindage et les obus ricochant sur lui laissèrent une impression désagréable tant aux équipages de panzers qu’aux généraux sur la suite des événements.

Néanmoins, le KV II démontra côté allemand l’importance primordiale de l’utilisation du canon anti-aérien de 88 mm, celui-ci étant souvent le seul rempart aux assauts des chars soviétiques.

De nombreux KV II furent capturés par les forces allemandes et réutilisés par la suite soit en arme de propagande soit sur le front.

Malgré ses mauvais résultats, le développement et la production du KV II ne furent pas inutiles, en effet le KV II servit de base pour le développement de nouvelles générations de chars russes, tel que le JS.

par Percy Hainsworth

| Contact | Quiz | Forum | Livre d'or | Liens | Historique des mises à jour | Les sources | Le site | Accueil |