En Octobre 1937, un groupe d’ingénieurs visita l’usine de chars de Kirosky, à Leningrad, afin d’étudier le SKB-2(futur T-35), nouveau char russe, et le nouveau modèle de double tourelle SMK.
Le pouvoir central leur demanda de lancer une étude sur un char utilisant la tourelle SMK, mais avec une seule tourelle (alors que le T 35 en comportait deux).
Pendant leur recherches, ils durent faire face à de nombreux problèmes mécaniques, tels que la transmission ou la boite de vitesse.
Afin de régler plus rapidement ces problèmes récurrents, le haut commandement soviétique ordonna à certains ingénieurs de se rendre en Tchécoslovaquie afin d’assister aux essais du char tchèque S-2a. Bien que le commandement soviétique ait eu le projet d’en acheter, les ordres des ingénieurs étaient d’étudier le char de près et d’en voler les innovations.
En décembre 1938, la construction de deux SMK à double tourelle pour test, fut ordonnée par le comité central. Mais J.Y. Kotin, chef du projet SKB proposa de construire un SKB à double tourelle et un avec une seule tourelle. L’idée fut acceptée par le commissaire à la défense, mais l’ordre définitif ne viendra que le 27 février 1939.
LA CONCEPTION
Le nouveau char reçu le nom de KV en l’honneur du commissaire à la défense, Klim Vorochilov.
Les travaux débutèrent dés le 1er février 1939, avant même la réception de l’ordre officiel, afin de montrer l’efficacité de l’usine Kotin de Leningrad à Staline.
Les études se déroulèrent rapidement et dés le 9 avril 1939 les plans étaient terminés. Le 1er septembre 1939, le premier KV sortit d’usine et les tests commencèrent aussitôt.
Le KV hérita des idées et des innovations de son prédécesseur le T-35, tel que la transmission, la tourelle ou le système optique. Les premiers modèles étaient équipés d’un double canon dans la tourelle, un de 76.2mm et un de 45mm, autres héritages du T-35.
Le 5 septembre 1939, les premiers KV furent envoyés à Moscou pour être montrés à Staline. Après son retour à Leningrad le 8 octobre 1939, les essais continuèrent. Mais le gouvernement central demanda à deux usines la mise en fonction de plusieurs modèles de chars afin de faire des tests conjoints, pour plus d’économie (de temps et d’argent). L’usine de Kotin et celle de Barikov devaient produire des KV et des T-100 (le concurrent direct du KV). Des T-35 devaient également participer aux tests.
Mais les tests furent annulés, car la guerre d’hiver avec la Finlande venait d’éclater et les chars furent envoyés sur le front.
Les KV, SMK (futur T-35) et T-100 furent incorporés dans les 91eme bataillon de chars et 20éme Brigade de chars lourds. Le KV fut le meilleur des trois modèles. Au cours de cette guerre le double canon fut rapidement remplacé par le canon unique de 76.2mm et le canon arrière de 45mm remplacé par une mitrailleuse de 7.62mm afin de protéger le char des assauts d’infanterie.
Après ces tests grandeur nature au combat, le projet KV est accepté officiellement par le comité de défense de l’Etat. Et dès le 19 Septembre 1939, la production de masse est lancée. L’ordre de production fut signé par V. Molotov lui-même.
LE KVI EN ACTION
Malgré des débuts prometteurs contre les troupes allemandes, auxquels il apparaissait comme invulnérable, la suite immédiate de la guerre ne parut pas rendre honneur à ce char.
En effet, une fois passé l’effet de surprise les équipages de chars allemand ainsi que le commandement allemand répliqua rapidement en introduisant de nouvelles tactiques concernant ces « monstres ». Utilisant la mobilité supérieure des panzers ainsi que les systèmes de communications entre chars, ils réussirent à contrecarrer les assauts soviétiques. Les KVI surpassaient tant en blindage qu’en puissance de feu tous les panzers et seul le canon de 88 pouvait en venir à bout.
Néanmoins l’utilisation des capacités de ce char par le commandement soviétique ne lui permit pas de stopper l’avancée allemande, mais tout au plus de la ralentir.
Nombre de KVI ne furent pas détruits par les forces allemandes, mais abandonnés par leurs équipages à cause de déficiences techniques ou de manque d’essence !
Néanmoins, le KVI fut un excellent char qui même opérant seul pouvait mettre à mal des groupements entiers de panzers.
Il fut l’icône de la résistance de Leningrad aux assauts allemands, défendant avec succès la ville où se situait leur usine de construction.
D’où le fait qu’après l’encerclement de la ville, on ne vit que peu de KVI sur les autres terrains d’opération russe.
L’ENGIN
La vie du KV fut ponctuée d’innovations afin d’améliorer sa tenue au combat, ainsi que de régler les problèmes de conceptions dus à des tests trop rapides. Le programme de production prit alors du retard.
Ainsi en mai 1940, la production passa de 50 unités à 200 unités, malgré les rapports des ingénieurs concernant de nombreux problèmes mécaniques et de productions.
Fin Mai, les essais recommencèrent dans les alentours de Leningrad. Les ingénieurs décelèrent rapidement des problèmes dans la transmission, la boite de vitesse ou dans le châssis. Les ingénieurs demandèrent de stopper la production afin de régler ces problèmes. Mais le pouvoir central ne jugea pas opportun de la stopper et celle-ci continua. Les problèmes se résorbèrent au cours de la production.
A la fin de 1940 le canon de 76.2mm L-11 fut remplacé par celui, plus moderne, de 76.2mm F-32. Ce nouveau canon fit changer le KV de version et devint KVI version 1940. Ce modèle reçut également une nouvelle motorisation, plus puissante, ainsi qu’une augmentation du blindage.
En 1941, on ajouta des plaques de protection supplémentaires, ces modèles furent nommés KVI-e (« e » pour ekranirovaniy ou « avec blindage »).
L’intérieur :
L’agencement interne du KVI rappelle beaucoup celle du T34 pour des raison de production en grande partie. La tendance soviétique à la normalisation força les ingénieurs à doter les chars de nombreux composants mécaniques identiques, notamment l’armement et le système de visée.
Le volume de la tourelle permettait d’y loger le chef de char, le canonnier et le chargeur.
L’intérieur du KVI était divisé en deux compartiments : le compartiment moteur et le compartiment de combat. Mais ceux-ci étaient séparés par une parois très fine, d’où le danger pour l’équipage de l’explosion du moteur au combat.
L’extérieur :
Prototype de KVI octobre 1939 :
KVI modèle 1939 :
KVI-e Modèle 1940 :
KVI modèle 1941 :
Les inconvénients :
- Le manque de longévité des chenilles.
- L’inconfort total du poste d’équipage.
- Une visibilité médiocre trappes fermées, voire quasi-inexistante par mauvais temps.
- Une grande difficulté d’accès et d’évacuation en cas d’urgence.
- La qualités des premières tourelles (jusqu’au KVI-e) laissait à désirer.
- Divers points faibles sur la tourelle formant de véritables piéges à obus (modèle 1939 et 1940).
Les avantages :
- Excellent blindage, pouvant aller jusqu'à 130mm sur le châssis et jusqu’à 110 mm sur la tourelle. Les coté étant dotés de 75mm de blindage, celui-ci conférait au KVI une quasi-invulnérabilité durant les premières années de la guerre.
- Son canon de 76.2mm, pouvant tirer des obus perforants et explosifs, il n’avait pas d’adversaires coté allemand durant les premières années du conflit (monté sur char).
- Son système de suspension resta inchangé jusqu'à la fin de la fabrication du KVI, démontrant sa qualité.
- Il disposait d’une vitesse correcte face à son poids.
KVI-e (combats autour de Leningrad) :
LES CARACTERISTIQUES :