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Opération Lüttich

En Juillet 1944, la situation des troupes allemandes en Normandie est des plus tendues : les Anglo-Canadiens viennent de prendre Caen, et les Américains ont pris Avranches (au sud-ouest du Cotentin), d’où ils peuvent d’une part prendre les Allemands à Revers et d’autre part libérer la Bretagne. De plus, Montgomery déclenche une bataille acharnée à Falaise, qui sera décisive pour le sort de la guerre. Les troupes allemandes sont épuisées, et le front menace à tout moment de se rompre. Pour cela, Hitler imagine l’opération Lüttich : il espère couper la presqu’île du Cotentin entre Mortain et Avranche, avec une puissante offensive blindée. Ainsi, la 3ème armée de Patton sera isolée (Patton avait commencé à s’avancer vers la Bretagne) du gros des forces alliées, et privé de vivres et munitions il sera aisé de la battre. Ainsi, Hitler espère briser le moral des alliés, et émouvoir la population américaine. En plus de cela, la 7ème armée Allemande pourra regagner du terrain dans le Cotentin, et enrayer le risque d’encerclement.
Comme nous l’avons vu, cette opération sera exclusivement blindée. L’effort sera donc porté par le 47ème Panzerkorp du général von Funck, constitué de la 1ère Panzer Division SS (Leibstandarte Adolf Hitler) la 2ème Panzer Division SS (Das Reich) le 2ème Panzer Division, la 17ème Panzer Grenadier Division SS (Götz von Berlichingen), et la 116ème Panzer Division. Bien que nombreuses, ces divisions ne totalisent en fait que 150 chars et une trentaine de StuG.
Hitler chargea Günther von Kluge de diriger les opérations. Celui-ci, avait un avis beaucoup plus négatif sur l’issue de l’opération, et à vrai dire, il espérait plutôt pouvoir reformer les lignes de la 7ème armée et ensuite se retirer derrière la Seine, où les Allemands pourraient se défendre de manière plus efficace. Le général allemand surnommé der Kluge Hans (Hans le sage) était en fait conscient de l’état de fatigue et de délabrement de ses troupes, et de la maîtrise du ciel des alliés.
L’opération doit commencer début Août 1944. Pour qu’elle se déroule dans les meilleures conditions, Goëring fournit 300 appareils du 2ème Jagdkorps du Generalleutnant Alfred Bülowius. Cependant ces avions furent rapidement neutralisés par l’aviation alliée avant qu’ils ne puissent entrer en jeu.
Le problème majeur était la suprématie aérienne allié : celle-ci empêchait tout déplacement de jour, ce qui était assez handicapant pour les chars, mais encore plus pour les colonnes de ravitaillement, qui devaient à chaque fois attendre l’obscurité pour envoyer des vivres et des munitions à des troupes nécessiteuses.
Pour compléter le dispositif, Hitler proposa de rajouter 60 Panther maintenus en réserve dans Paris, ainsi que 80 panzer IV et la 11ème panzer division en ce moment dans le sud de la France. Ces propositions ne furent cependant pas honorées.
En effet, Von Kluge préférait démarre l’opération le plus vite possible, alors qu’Hitler voulait attendre que tous les renforts soient arrivés. Von Kluge finit par l’emporter, et dès la nuit du 6 Août, les colonnes allemandes s’avancèrent pour gagner leurs positions d’attente respectives, principalement entre Sourdeval et Mortain.

La défense américaine repose sur trois piliers : la 9ème division d’infanterie au nord (près de Cuves), la 30ème division d’infanterie dite « old Hickory » au sud, sur qui sera porté l’essentiel de l’attaque allemande, et en retrait la 3ème armoured division, dite aussi « spearhead ».
Même si des mouvements de troupes sont repérés tôt dans la matinée, et que les services de renseignement affirment que des chars allemands sont en train de prendre position devant les lignes US, le commandement allié ne semble pas réagir.

Dès le début, la suprématie aérienne alliée se fit remarquer : par des raids incessants, celle-ci ralentit considérablement le trajet des unités blindées allemandes, qui n’arrivent donc pas à l’heure à leur position. De Plus, Gerhard von Schwerin-Krosigk, comandant de la 116ème panzer division, notoirement anti-nazi, omit volontairement de donner l’ordre de se déplacer à sa division. La raison qu’il trouva fut que la division d’infanterie dépêchée pour relever les positions de la 116ème n’était pas à la hauteur de la tâche. Von Schwerin-krosigk, fut immédiatement remplacé par un adjoint de Funck. Pour ces raisons, les colonnes allemandes ne purent véritablement se déplacer que le 7 Août au soir. Dans un premier temps, les Allemands bénéficient de l’effet de surprise, et grâce à un faible bombardement sur Mortain créent la panique parmi la population civile.
Au sud, et au nord, des éléments avancés du dispositif allemand réussissent sans grande difficulté à créer deux poches isolant presque la 3ème armored division et la 30ème infantry division de la 9ème infantry division. Cependant, au nord les hommes du 119ème régiment bloquent la progression de la 2ème panzer division, à Mesnil-Adelée, au moyen d’armes anti-chars, ce qui permet une étroite voix de communication entre le 9ème infatry corps et le reste de la 3ème armée de Patton.
Le 8 Août, avec l’arrivée du jour et la dispersion du brouillard, très dense, les éléments de la 2nd tactical air Force britannique peuvent décoller et infligent de nombreuses pertes aux chars et véhicules allemands. Ceux-ci privés de soutien aérien (les avions promis par Hitler ayant été détruits) sont obligés de stopper leur progression pour trouver un abri. Plus de cent véhicules allemands seront ainsi détruits.
Du côté de Mortain, celle-ci tombe rapidement, mais une poche de résistance se forme un peu à l’ouest de la ville, sur le côte 314, que ses occupants tiendront jusqu’au bout, dans des conditions des plus critiques. En effet, six cents hommes, répartis entre un peloton du 120ème infantry regiment et du 823ème Tank destroyer Battalion, tiendront jusqu’au 12 août, après avoir repoussé plusieurs tentatives de pourparlers de la part de leurs assaillants (la 2ème SS Panzer Division). La poche de résistance US tint dans des conditions effroyables : privée de vivres, munitions et matériel médical, elle dut affronter les chars allemands sans aucun soutien blindé. L’US Air Force parachuta du matériel, mais celui-ci tomba assez souvent dans les mains des assaillants allemands, qui eux aussi avaient grand besoin d’approvisionnement. Il y aura à la fin 300 morts parmi les US (sur 600), mais 40 chars abattus du côté allemand dans cet unique secteur.
Un peu plus au nord, la 1ère SS panzer Division est bloquée par les 117ème et 120ème régiments d’infanterie américaine, ce qui lui empêche d’aller vers Juvigny-le-Tertre.
Le plan d’Hitler commence à s’enrayer. Espérant toujours pouvoir obtenir la victoire, celui-ci ordonne à trois divisions panzer SS (la 12ème la 10ème et la 9ème) en train de combattre à Falaise de se rendre à Mortain. Cependant, la pression exercée par les troupes anglo-canadiennes dans le secteur de Falaise est telle que ces trois divisions allemandes ne pourront pas se retirer.
Vers la fin de la journée du 8 Août, les Américains se réorganisent et réussissent quelques contres offensives : les 117ème et 120ème régiments d’infanterie aidés par des éléments de la 3ème armoured division reprennent St Barthélémy et Romagny. De plus, des renforts arrivent : la 35ème infantry division tente de reprendre Mortain, et les 4ème et 9ème divisions d’infanterie soutiennent le dispositif allié. Une unité de la 4ème infatry division détruira dans la journée du 8 Août une colonne entière de blindés allemands.
Les journées qui suivent voient l’affrontement prendre plus de violence : en effet, la géographie du lieu est peu propice à de grands mouvements de chars, et donc à de grands affrontements décisifs, où tout se joue. La région de Mortain est constituée des vallées encaissées, entrecoupées de hautes haies et de petits cours d’eau. Les chars sont donc obligés de se déplacer en colonne, et peuvent facilement être la cible de l’infanterie, cachée dans la végétation. Ainsi, durant les 9, 10 et 11 Août, Allemands et Américains s’affronteront pour sauver le moindre m² de terrain.
Le 11 Août, après s’être rendu compte de la situation, l’état major allemand décide de retirer les troupes du secteur de Mortain, pour éviter une déroute : Mortain n’a pu être dépassée (alors qu’au départ il fallait arriver jusqu’à Avranches). De plus les alliés se dirigent vers Aleçon, ce qui met la 7ème armée en péril d’encerclement et les Canadiens entament une puissante offensive sur Falaise. La 7ème Armee ainsi que la 5ème Panzer Armee (qui est à Falaise) finiront par se faire encercler, et se feront massacrer deux semaines plus tard dans ce qu’on appellera la poche de Falaise.

par Giuliano de Franchis

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