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L'invasion de la Norvège

Suite à l’écrasement de la Pologne par l’Allemagne en Septembre 1939, une accalmie s’était installée en Europe. Les Alliés, retranchés derrière leurs lignes s’attendaient à une prochaine offensive allemande dirigée vers la France puis vers l’Angleterre mais, contre toute attente, le coup de tonnerre eut lieu en Scandinavie.

Par prévention, au début de la guerre, les navires alliés sillonnaient les côtes norvégiennes pour poser des mines. En effet Churchill avait décidé, devant le Cabinet britannique, d’éradiquer les allez et venues incessants des convois allemands qui acheminaient du fer suédois vers leurs industries. Churchill espérait ainsi asphyxier la production allemande.

Cela faisait plusieurs semaines que la flotte anglaise opérait et, du fait de la neutralité des pays scandinaves, celle-ci était vivement critiquée par les médias jusqu'à ce que fut annoncé un débarquement imminent des troupes hitlériennes en Norvège et au Danemark. L’opération allemande devait s’effectuer sur la côte occidentale : Bergen et Trondheim ainsi que sur la côte méridionale et au nord à Narvik.

Cette nouvelle stupéfia d'autant plus les alliés que la supériorité de leur flotte était presque absolue dans ces pays. Cette opération fut d'abord affairée par les Alliés comme une grave erreur stratégique mais elle se révéla vite très bénéfique pour les Allemands.

Qu'est ce qui explique ce soudain intérêt pour la Norvège et le Danemark pourtant neutre dans cette guerre ?

Pour le savoir il convient de rappeler que la Suède était un grand producteur de fer et un grand fournisseur de l'Allemagne ce qui, dès le début de la guerre, conduisit les forces belligérantes à s’interroger sur l’importance stratégique de cette ressource naturelle. En effet, elle attirait toutes les convoitises des pays voisins.

Ainsi, en possédant le Danemark et la Norvège, les Allemands pourraient acheminer plus facilement cette ressource essentielle pour leur production. Tandis que les Alliés, en s’emparant de la Norvège, paralyseraient une grande partie des transferts de fer vers l’Allemagne. L’intérêt logistique de la Norvège était donc capital.

Cependant la Norvège offrait d’autres atouts et avantages pour l’Allemagne, en effet l’occupation de ce pays constituerait une menace pour les Alliés amplifiée par le contrôle allemand des ports stratégiques vers l’Ouest. L’intérêt stratégique de la Norvège était donc tout aussi crucial que celui logistique.

Côté allié, la question norvégienne devait donc être étudiée de près : Churchill proposa d'attaquer le pays rapidement pour surprendre les Allemands et ainsi pouvoir les attaquer de flanc. Ce projet n'aboutit pas car le gouvernement britannique hésitait à violer la neutralité norvégienne (il fut cependant demandé à l'état major de préparer un plan d'attaque).

Côté de l’Axe, Hitler reçoit en décembre la visite du chef du parti extrémiste (qui s'apparente au parti nazi) de Norvège : Vidkun Quisling. Ce dernier lui annonce qu'il est prêt à lancer une révolution dans son pays car il est appuyé par plusieurs grands officiers.

Il faut bien comprendre que les deux camps hésitent à attaquer la Norvège à cause de sa neutralité mais ils sont prêts à entrer dans la bataille si l'ennemi fait le premier pas (c'est pourquoi Hitler promit à Quisling une aide financière).

Ce premier pas fut réalisé par les Alliés : en effet, au cours du mois de Janvier 1940, les forces anglo-françaises se réunissent à Paris pour décider d’un plan d'attaque : deux contingents britanniques débarqueraient en Norvège pendant qu’une division française plus restreinte se contenterait d'aider la Finlande alors occupée par les forces soviétiques.

L'état major anglais décida de choisir un port du nord de la Norvège nommé Narvik (plus près des mines de fer suédoises) et il fut décidé que l'opération commencera début Mars.

Un incident qui eut lieu en février convint Hitler d'attaquer la Norvège. En effet un gros bâtiment allemand nommé L'Altmark, qui rapportait des prisonniers de guerre anglais, était poursuivi par des destroyers Anglais. Le navire allemand vint se réfugier dans un port norvégien protégé par des canons en espérant ainsi qu ces derniers ouvriraient le feu sur la flotte anglaise. Cet événement n'ayant pas eu lieu, Hitler accusa le pays scandinaves de complicité avec les Alliés. Cet incident apparemment sans importance majeur mit en place le processus d'invasion de la Norvège par les Nazis.

Ayant appris que le parti de Quisling n'enregistrait aucun progrès et que les Britanniques se préparaient à une opération militaire, il convoqua le Général Von Falkenhorst à qui il confia le commandement de l'invasion. Celui-ci avait une contrainte : attaquer avant l'Angleterre. Pour se faire il dut d'abord prendre le Danemark qui ferait office de porte vers toute la Scandinavie.

Pendant ce temps-là du côté allié, Churchill voulait faire une démonstration de force sur le port de Narvik et ainsi éviter un affrontement avec la Norvège. Mais après l'effondrement de la Finlande, les alliés n'avaient plus de prétexte pour attaquer et c'est pourquoi l'opération fut reportée au mois d'Avril. Il fut conclu d'attaquer simultanément les ports de Narvik, Stavanger, Bergen et Trondheim. Mais les gouvernements français et britanniques ne s'entendirent pas sur des points minimes et l'invasion fut à nouveau retardée au 8 Avril.

Or Hitler avait fixé l'attaque du Danemark et de la Norvège au 9.

Le conflit commença alors : à la fin de la journée du 9 Avril 1940, la Wehrmacht s'était emparée sans trop de pertes de ces ports. Ce fut alors une véritable course vers Oslo (chacune des deux forces annonçant mettre la Norvège sous son Egide). Les Allemands arrivèrent les premiers à la tête de troupes peu importantes mais très bien entraînées et expérimentées.

Détail du corps expéditionnaire Allemand : 2 croiseurs de bataille, 7 croiseurs, 1 cuirassé de poche, 14 destroyers 28 U-B (sous marins) et environ 10 000 hommes.

Il faut ajouter à cela les parachutistes qui furent utilisés (grande innovation pour l’époque) et les quelques 800 avions. C'est principalement à cause de cette force aérienne que l'armée norvégienne fut rapidement cernée malgré les faibles effectifs allemands.

En effet, malgré la faible amplitude de l'attaque allemande, cette dernière ne résista que très mal. Tout d'abord à cause de la différence de matériel mais aussi et surtout car l'attaque était une surprise pour le gouvernement qui s'attendait plutôt à une agression britannique.

La Wehrmacht possédait à présent tous les ports norvégiens, y compris Narvik pourtant sujet à une contre-offensive de la flotte alliée.

La résistance des troupes norvégiennes fut relativement faible et les Allemands n'enregistrèrent qu'un seul revers au cours de l'attaque d'Oslo qui fut finalement laissée aux soins des parachutistes. La capitulation fut signée le 10 Juin 1940.

Oslo et Copenhague étant maintenant territoires du Reich, Hitler contrôlait à présent le couloir qui sépare le Danemark de la Norvège et de fait, le fer Suédois pouvait être acheminé en toute sécurité.


Français à Narvik

Allemands à Oslo

La bataille de l'eau lourde.

Il est important de parler de cet événement lorsque l'on aborde l'invasion de la Norvège.

Tout d'abord qu'est ce que l'eau lourde?

L'eau lourde est un élément capital dans l'élaboration d'une bombe A. En effet elle permet de ralentir les neutrons libérés par la fission.

Elle est composée (contrairement à l'eau) non pas d'un atome d'oxygène et de deux atomes d'hydrogène (H2O) mais d'un atome d'oxygène et de deux atomes de deutérium (D2O).

Le résultat donne de l'eau plus dense qui bouille à plus de 100°Celsius et qui est donc utile lors la fission. On peut donc imaginer que la bataille pour empêcher les Allemands de s'emparer de cette eau fut discrète (personne ne savait rien de la bombe A). Ce sont donc des unités de commandos qui y ont participé.

Les Anglais prirent connaissance (grâce à la résistance norvégienne) de l'existence d'une usine de stockage de l'eau lourde dans le sud de la Norvège : la centrale hydroélectrique Norsk Hydro à Vemork (sud de la Norvège). C'était le seul lieu d'Europe où pouvait être stocké l'eau lourde.

La crainte que les Allemands élaborent une arme nouvelle dévastatrice était donc confirmée et elle était de plus raccrochée à certains rapports espions parlant d'armes nouvelles et de bombardiers à long rayon d'action en étude.

Ainsi en 1942 les Alliés commencèrent à élaborer des plans pour saboter cette usine. Mais dès 1941, les premiers bombardements échouèrent et la production d’au lourde continua.

En septembre 1942 un sous marin français débarqua même un commando anglo-norvégien pour le sabotage de l'usine. Celle-ci fut endommagée d'où un ralentissement partiel de la production. Le 19 novembre un commando de para anglais n’eut pas plus de succès d'où un doublement des effectifs des troupes allemandes dans les environs !

Enfin en 1943, tout change : le 16 février 1943 deux commandos anglais et un commando norvégien (entrainé en Grande Bretagne) parvienne à saboter définitivement l'usine.

Les Allemands essayèrent de rapatrier leur stock d’eau lourde par bateau mais celui-ci fut coulé par la résistance norvégienne ( le 19 novembre 1943).

Fin novembre, un raid aérien de la Royal Air Force détruisit définitivement l'usine. Mais c'est en Février 1944 que l'US Air Force mis fin à la question de l'eau lourde.

Les pertes civils furent très nombreuse pendants ces actions (ouvriers, techniciens, habitants, marins) sans parler des résistants et des représailles allemandes…

par AntO et AdeB

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