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Le Tigre I (Tigre 1)



Tigre I dans la région de Koursk en 1943, à noter le frein de bouche manquant

LA GENESE

    Pour comprendre l’origine du Tigre 1, il faut remonter à 1935 : le Heeres Waffenant (bureau des armements allemand) demande la conception d’un char lourd (30 tonnes), qui puisse rivaliser avec les B1 français. Tout de suite un problème de fond se pose : il n’y a pas de moteur assez puissant pour tracter une telle masse. On essaya de mettre un moteur d’avion, mais celui-ci, trop lourd, imposait qu’on diminue le blindage du véhicule pour qu'il ne dépasse pas 30 tonnes, la charge standard admise par les ponts européens. On décida donc de concevoir un moteur spécial capable de tracter 30 tonnes suffisamment léger. Le projet fut confié à la firme Maybach qui proposa un délai de 2 ou 3 ans  pour fournir un tel moteur.
    En 1937 l'armée allemande, étant informée de la finition du moteur Maybach, demande à la firme Henschel de préparer le châssis du char. Comme d'habitude, Henschel confie le projet de la tourelle à la firme Krupp. Cependant le rôle du char, initialement conçu comme véhicule d'escorte a entre-temps changé. Les stratèges estiment maintenant qu'il doit être capable de percer les lignes de défense ennemies telles que la ligne Maginot. D'où le choix d'un canon de 75 mm muni d'une mitrailleuse MG 34.
    Fin 1938, Henschel propose un premier prototype baptisé D.W. 1 pour Durchbruchs Wagen (char de rupture). Krupp n'est cependant pas en mesure de fournir la tourelle qui l'accompagne. Conformément aux exigences, le char est doté d'un blindage frontal de 50 mm, (il est donc à l'abri des pièces antichars de 25 et 37 mm). Le moteur est le tout nouveau V12 de Maybach qui confère au char une vitesse de pointe de 35 km/h sur route. Ce moteur sera ensuite largement utilisé pour les chars moyens tels que le panzer III ou IV.
    Un autre prototype baptisé D.W.2 et identique au précédent sera construit par la suite. Tous les deux comportaient un sérieux défaut : la coque était composée de deux parties boulonnées, ce qui rendait le véhicule assez fragile.

    Forte de cette expérience, l'armée allemande lança un nouveau projet de char. Le projet fut soumis à plusieurs firmes (MAN, Daimler Benz, Henschel et Porsche) mais seules Henschel et Porsche le relevèrent, les autres étant déjà trop occupés. C'est à partir de ce projet, baptisé VK 30 (VersuchtKraftwagen 30 tonnes) qu'est né le Tigre 1. Henschel reprend les idées du DW2 mais améliore considérablement le véhicule en construisant un châssis monobloc, et en homogénéisant la répartition du poids au sol grâce à un nouveau système de train de roulement "croisé" et à des barres de torsion transversales simples. Ces deux dernières idées furent cependant brevetées par Porsche, dans le cadre de leur Tigerprogramm. 
    En 1940, la Wehrmacht commande à Henschel et Krupp les éléments pour assembler 8 chars de présérie. Cette décision est assez surprenante. En effet, les seuls éléments qui permettent à la Wehrmacht de se faire une opinion du char sont ses plans. Le nouveau projet de tourelle qui doit équiper le VK 30 est à peine terminé. Ces 8 premiers chars doivent être livrés pour le second semestre 1941 à des unités situées en première ligne. Des ingénieurs de Henschel et Maybach devront être sur place pour corriger les inévitables problèmes de jeunesse du nouveau moteur (le HL116). La  Wehrmacht fait savoir à Krupp et Henschel qu'elles doivent s'attendre à produire 50 VK 30 par mois.

    A partir de la fin 1939 Ferdinand Porsche prépare le prototype d'un engin baptisé Typ 100, qui pèsera lui aussi 30 tonnes. Pour tracter ce char, il préfère utiliser des moteurs électriques, alimentés par deux générateurs couplés à un moteur V10. L'ensemble des pièces est fourni par la firme autrichienne Steyer. Ce moteur comporte évidemment des avantages et inconvénients : il permet au pilote de disposer d'une plage de puissance progressive continue, mais d'un autre côté ce concept novateur demande une longue mise au point. Côté armement, le choix porte sur le redoutable canon de 88 mm de Krupp (qui comme à l'accoutumée produit la tourelle.) Le choix de ce canon a déclenché une grande bataille commerciale entre Krupp et Rheinmetall qui produisait aussi un canon de 88 encore plus redoutable d'après certains experts que celui de Krupp. Cependant grâce à des manœuvres commerciales, Krupp à réussi à décrocher le contrat.

    Cependant, à la mi 1940, Hitler, fort de son succès à l'Ouest, fait savoir qu'il prépare une invasion à l'est. Pour cela, l'armée aura besoin de chars lourds, dotés de puissantes pièces d'artillerie, capables de détruire n'importe quel véhicule à une grande distance. Hitler est par ailleurs informé du projet soviétique de char KV1 de 45 tonnes. Ainsi, le VK 30 devient Panzerkampfwagen VI (abrégé en Panzer VI), ce qui confirme son statut de char lourd servant à anéantir les autres chars ennemis et non plus à percer les lignes de défense.

    Le 26 Mai 1941, une seconde conférence tenue par Hitler et des membres de l'armée allemande réorientent le projet du VK 30. Les travaux menés par les deux firmes (Porsche et Henschel) devront être accélérés, de manière à disposer de six prototypes en Juin 1942. Les chars devront en outre disposer d'un blindage frontal de 100 mm et d'un blindage latéral allant de 60 à 80 mm. La question de l'armement est aussi soulevée : les chars devront être capables de percer 100 mm de blindage à 1500 m de distance. En ce qui concerne la mobilité, il est évident qu'un véhicule de plus de 30 tonnes (voire 40) ne pourra pas passer par tous les ponts soviétiques ; la question de la submersion est évoquée.

    Quelques jours après cette seconde conférence, les équipes Porsche et Henschel se remettent assidûment au travail. Henschel se sert d'un autre projet pour parvenir aux exigences du Führer. En effet, pendant l'été 1940 la firme allemande avait réalisé le projet d'un char pour la Wehrmacht qui devait peser 36 tonnes (d'où son appellation VK 36). Ce prototype disposait d'un blindage frontal de 80 mm et d'un blindage latéral de 50 mm. La tourelle aurait dû être équipée du canon waffe 0725 de 75 mm de Krupp. Les ingénieurs de Henschel se remirent donc au travail et commencèrent par accroître le blindage de leur châssis, ce qui fit passer le poids du blindé de 36 à 40 tonnes. Cependant, le 31 Juillet 1941, un rapport du ministère de l'armement indiqua que le canon waffe 0725 consommait beaucoup trop de tungstène, métal que le Reich ne pouvait fournir en quantité suffisante pour équiper tous les chars. Les ingénieurs de Henschel devront donc adapter leur châssis à la tourelle de Krupp, initialement prévue pour Porsche  et destinée à être équipée du canon de 88.
    En trois semaines les nouveaux plans sont prêts. A partir de certains éléments du VK 30 et du VK 36, Henschel a mis au point son VK 45 (de 45 tonnes). Les plans sont envoyés aux aciéries, pendant que les ingénieurs de Henschel, en étroite collaboration avec ceux de Maybach et Krupp, travaillent pour que le char puisse supporter une immersion à 4,5 m de profondeur. Il est aussi prévu que VK 45 dispose du dispositif vorpanzer. Celui-ci est une plaque de blindage fixée à l'avant du char qui peut être soit abaissée (et donc protège les chenilles du véhicule), soit repliée (et dans ce cas là augmente l'épaisseur du blindage frontal). Question moteur, le VK 45 est équipé du petit dernier Maybach (le HL210 P45) capable de propulser le char à 40 km/h sur route. Ce char pèse environ 58 tonnes.

    Du côté Porsche, les travaux reprennent à partir de leur VK 30, qui avait été surnommé Leopard. La motorisation électrique présente de nombreux problèmes qui devront être réglés pour les essais de Juin 1942. Les ingénieurs de Porsche se remettent au travail sur un nouveau prototype qui respectera les exigences du Führer en termes de blindage, et les moteurs Steyer seront remplacés par des moteurs Porsche alimentés par deux générateurs Siemens de 275 kW. La largeur des chenilles est elle aussi augmentée (jusqu'à 60 cm) de façon à ce que le char puise manœuvrer sur des terrains boueux.

    La journée d'essais, initialement prévue pour juin 1942, fut avancée au 20 avril de la même année (anniversaire du Führer). Inutile de dire que ce changement de date engendra une vague de précipitation chez les deux firmes, où les ouvriers se mirent à travailler nuit et jour pour satisfaire mes exigences d'Hitler. Chez Henschel, le prototype du char sera prêt moins de 40 minutes avant son départ vers le train qui l'emportera vers Rastenburg (QG d'Hitler). Le véhicule rejoindra le train sur une remorque sans jamais avoir roulé ! 
    La gare de Rastenburg était distante de 11 km du centre d'essais. Ces 11 km devaient être parcourus par les chars "de leurs propres moyens". Les deux blindés arrivèrent en même temps le 19 avril 1942. Tout de suite, le VK 45 (P) (de Porsche) connut des ennuis : il s'embourba sous les yeux des officiers d'état major venus assister à l'arrivée des nouveaux chars ... Sournoisement, le chef de l'équipe de Henschel proposa de tracter le VK 45 (P) avec son VK 45 (H). Ferdinand Porsche, furieux, refusa net la proposition. Les 11 km à franchir relevaient du parcours du combattant : le véhicule de Porsche s'enlisa constamment, alors que le véhicule de Henschel connaissait des problèmes de surchauffe avec son moteur et sa boite de vitesse. 

    Le lendemain, 20 avril 1942 à 11h, les essais commencent. Hitler et les autres officiels effectuent d'abord une visite des deux blindés, à l'arrêt. Puis les chars doivent montrer leurs capacités en terme de vitesse. Le Tigre de Porsche part en premier et réussit à aller à 50 km/h sur 1 000m. Le véhicule de Henschel quant à lui se contentera de 850 m à une vitesse de 40 km/h. En effet, le Maybach HL 210 P45 n'en est encore qu'à ses débuts et a tendance à surchauffer, à tel point que le Tigre (H) devra s'arrêter devant la tribune officielle pour laisser le temps à son moteur de refroidir (tout en prétextant une nouvelle visite du char...). A ce point des essais, Hitler est conquis par le prototype de Porsche. Dans la tribune on commence même à parler de production en masse. Cependant, Kurt Arnold, directeur de Henschel demande que des essais de manoeuvrabilité soient exécutés. Il est en effet certain que de cette manière le Tigre (H) prendra le dessus sur son rival qui avait démontré de grandes capacités à s'enliser la veille(sic)... Le Tigre (H) se montra en effet supérieur à un concurrent jugé trop long et pas assez large, dont les moteurs prirent d'ailleurs feu le même jour. Au terme de cette journée d'essais mouvementée, aucune décision n'est encore prise. Une autre journée d'essais est prévue pour mai 1942.
    Cette nouvelle journée marqua le succès de Henschel. Le prototype de Porsche se fit remarquer par ses nombreux problèmes mécaniques. La dernière journée d'essais eut lieu en Novembre 1942. Le VK 45 (H) n'eut pas de mal à se faire sacrer Tiger I face à un concurrent dont les moteurs prirent à nouveau feu...


LA PRODUCTION

    La Production du Tigre 1 commença en Août 1942 et s'acheva en Août 1944. Elle se déroula en en trois phases. En tout furent produits 1 355 chars.

    Les 250 premiers Tigre 1 furent équipés de moteurs Maybach HL 210 P 45 de 12 cylindres. Ce moteur, qui ne développait que 650 chevaux, ne conférait pas au Tigre une suffisamment grande puissance. Le 12 cylindres de Maybach fut donc modifié pour finalement donner naissance au HL 230 P 45 qui développait 700 chevaux. Ce nouveau moteur, qui fut installé à partir de mai 1943, était très bruyant et s'entendait donc très loin à la ronde.

    L'autre modification importante que subit le Tigre concerne sa capacité d'immersion : les 495 premiers chars pouvaient plonger à 4,5 m de profondeur, pendant environ 2h30, grâce à un système de tuba. Les blindés suivants furent équipés d'un autre système de plongée qui ne leur permettait qu'une profondeur de 1,3 m.

    Parmi les modifications moins importantes figurent la porte à poignée de la tourelle des modèles du début de production remplacée par une trappe, par où passaient aussi les munitions, sur les modèles de la production intermédiaire. Les modèles de la première phase de production furent dotés de trappes de vision pour le canonnier. Ceux de la moyenne production furent dotés de trappes renforcées, alors que ceux de la fin de la production furent équipés d'un seule trappe plus large, au lieu de deux.


    Lors de la dernière phase, certaines pièces furent remplacées par d'autres provenant des Panthers (Pz V) et Tigre 2 Royal (la coupole de commandement de la tourelle fut par exemple remplacée par une nouvelle dessinée pour les Tigre 2) pour accélérer les rythmes de production. En effet, le tigre était très long à produire d'une part à cause de la complexité de la fabrication et d'autre part à cause de son coût très élevé. Le record de production fut atteint en avril 1944, avec 105 machines assemblées (une bagatelle si l'on pense que la production moyenne mensuelle de chars aux Etats-Unis en 1944 s'élevait à 1650 véhicules).
    A partir de Février 1944, les roues du char furent remplacées par celles des Tigres II, faites avec un acier plus résistant, et bordées de caoutchouc. 800 Tigres I furent équipés de ces roues qui permettaient de supporter une plus grande masse et donc de faire passer le nombre de roues par axe de trois à deux.

    Le Tigre I fut aussi transformé en d'autres véhicules logistiques : en 1944, 84 Tigres furent convertis en véhicules de commandement (sous le nom de Befehlswagen Tiger I Ausf. E ). Il y eut deux types de Befehlswagen Tiger I Ausf. E : les Sd.Kfz.267 et les Sd.Kfz.268, qui ne différaient que par le nombre de postes radio. En effet, on ajoutait des postes radio aux véhicules de commandement, pour qu’ils puissent donner des ordres simultanément.
    Entre Août et décembre 1944, 18 Tigre I endommagés au combat furent convertis en SturmTiger, véhicules blindés dotés d'un mortier de 380 mm, fixé en casemate dans un compartiment blindé rajouté au dessus du châssis du char (la tourelle fut évidemment supprimée).


LE TIGRE EN ACTION

    Le baptême du feu du Tigre 1 eut lieu en août 1942, sur le front de Leningrad. 4 de ces imposants blindés furent incorporés à la 502 Panzer Abteilung et furent envoyés pour repousser une poussée de la seconde armée de choc soviétique. L'échec fut cuisant. Trois des quatre blindés restèrent sur le champ de bataille à cause de dommages mécaniques. Ils furent capturés par les Russes qui les exposèrent à Moscou comme trophées de guerre.
    Après ce premier échec, et une fois les premiers problèmes de jeunesse résolus, le Tigre fit redorer son blason. Attardons nous tout d'abord sur la répartition des Tigres I dans l'arme blindée allemande. Ceux-ci équipaient des unités blindées lourdes (compagnies et bataillons), appelées schwere Panzer Abteilung, abrégé en sPzAbt, à la fois dans la heer et dans la waffen SS. Les premières compagnies de Tigres comprenaient 9 de ces véhicules puis 14 vers le milieu de l'année 43. 1943 est aussi la date où les Tiger Abteilung (bataillons de tigres) furent créés à partir de bataillons blindés lourds déjà existants. Ceux-ci comportaient 45 Tigres et étaient numérotés (dans la Heer) de 501 à 510, alors que dans les waffen SS, ils étaient numérotés de 101 à 103. Ces bataillons de Tigres étaient souvent rattachés à une division blindée mais n'appartenaient à aucune formation cuirassée.
    En décembre 1942, la première compagnie de la 501ème schwere Panzer Abteilung fut envoyée en Afrique, plus spécialement en Tunisie, où la situation allemande était désespérée. Les Tigres se firent remarquer par leur puissance de feu et leur blindage résistant, mais ils n'évitèrent pas la reddition des armées de Rommel.

    Le Tigre fut globalement un excellent combattant. Ses points forts sont les suivants : son blindage épais et très résistant (même s'il ne déviait pas les coups)et  son canon de 88, capable d'anéantir un char ennemi à 1500 m (en Juillet 1944, le capitaine Wakker à bord d'un Tigre I détruisit un T 34 à une distance de 3900 m !). Le blindage à 90° du Tigre fut vite compensé par une trouvaille des tankistes allemands : ils utilisaient une irrégularité du terrain (bosse, crevasse...) pour pencher leur véhicule, de façon à avoir un blindage incliné lors de l'impact des obus ennemis.
    Le Tigre avait une très grande incidence sur le moral des soldats, alliés ou allemands. Les Allemands se sentaient en sécurité en compagnie d'un Tigre, alors que les Alliés le redoutaient plus que tout. Ils finirent d'ailleurs par voir des Tigre à la place de n'importe quel char allemand ! Pour éviter de démoraliser les troupes, le Général Montgomery empêcha la publication de certains rapports, où le Tigre apparaissait comme trop victorieux. 

    Voici quelques faits d'arme probablement exagérés par la propagande où simplement par le temps.
Le 7 Juillet 1943, un seul Tiger commandé par le SS Oberscharfeuehrer Franz Staudegger engagea un groupe de 50 T 34 russes à Psyolknee, près de Koursk. Il rentra à la base sans aucun dommage, après avoir épuisé sa soute à munition et avoir détruit 22 T 34 (les autres véhicules se replièrent et Staudegger fut décoré de la RitterKreuz.).
Le 8 Août 1944, un Tigre commandé par le SS Unterscharfeuehrer Willi Frey engagea une colonne anglaise de 15 Shermans et en détruisit 14, plus un autre un peu plus tard dans la journée. Lui aussi revint à la base sans aucun dommage, avec la soute à munition vide.
De manière plus générale, en dehors des exploits personnels, on peut citer la 102ème sSSPzAbt qui en Normandie perdit tous ses Tigres mais détruisit 227 chars alliés en une période de six semaines.
    Les Alliés occidentaux étaient en effet très désavantagés face aux Tigres car ils ne disposaient pas de chars lourds capables de leur faire face. Lleurs Sherman (fer de lance de l'arme blindée anglaise et US) étaient bien trop faiblement armés pour le combattre. Lorsque un groupe de Sherman rencontrait un Tigre, il devait normalement appeler un chasseur de chars (M 10, M7...) et se replier en attendant. Cette tactique était cependant trop coûteuse en temps, et les chasseurs de chars n'étaient pas toujours disponibles. Les tankistes américains décidèrent alors d'attaquer les Tigre par groupes de 5 Sherman : deux d'entre eux pilonnent l'adversaire pendant que les trois autres s'en approchent pour lui tirer dans les flancs ou par derrière. Cette technique se révéla assez efficace malgré les rumeurs qui circulaient dans l'armée à l'instar de la suivante : on entendait parfois dire que sur 5 Sherman engagés, seul un revenait à la base...
    Côté Russe, le rapport de force entre Tiger et T 34 était à peu près le même qu'avec le Sherman. Cependant, avec l'arrivée du JS II, le Tigre trouva un adversaire à sa taille : le JS II pouvait le terrasser à 1800 mètres de distance, alors que l'Allemand devait se trouver à au moins à 500 m.

    Concernant les faiblesses du char, on pourrait citer le blindage arrière, pas assez épais, le moteur, qui demandait un trop grand entretien et qui donnait au char une propulsion trop faible, sans compter des problèmes (pannes, feu…) notamment liés aux chenilles qu'il fallait retendre très souvent (ce qui était un gros inconvénient lors des percées) et qui étaient en outre trop fines (le char s'enlisait souvent dans les terrains boueux de Russie). De plus, lors des froides nuits hivernales russes, de la glace se formait entre les roues et les chenilles. Ceci empêchait le char de bouger. Les tankistes devaient alors allumer des feux autour des chenilles pour faire fondre la glace, car sinon, en avançant, les chenilles se brisaient.
    En ce qui concerne les chenilles, le Tigre en avait plusieurs sortes : pour les trajets sur routes, il utilisait des chenilles de 520 mm de large. Pour les combats et le tout terrain il en avait des larges de 720 mm. Le Tigre pouvait aussi rouler sur des voies ferrées. Pour cela il était équipé de chenilles spéciales (beaucoup plus fines) mais en général il était monté sur des wagons de transports.

    En conclusion, le Tigre fut le char le plus médiatisé de la guerre, et reste aujourd'hui un des symboles de ce triste conflit. Selon les mots d'Hitler, le Tigre I aurait dû apporter la victoire à l'Allemagne, mais selon Guderjan, il a été l'une des causes de sa défaite (ce général et théoricien de l'arme blindée préférait de loin le panzer IV plus fiable, moins coûteux et plus rapide à produire).


Photos du musée de Saumur, (tous droits de reproduction réservés ) :

par Giuliano de Franchis et AdeB

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Le Tigre I apparut dans les environs de Leningrad à la fin de l'année 1942.
(photos dénichées sur internet, retirables à la demande)